Perché à la pointe du Cap d’Antibes, au cœur d’un parc paysager, l’Hôtel du Cap-Eden-Roc le palace le plus mythique de la Côte d’Azur cache ses deux propriétés et ses deux villas sur les rives de la Méditerranée. Avec l’ambition affichée de se parer d’étoiles gastronomiques avec l’aide du chef Eric Frechon, triplement étoilé pour le restaurant Épicure au sein de l’hôtel Bristol à Paris.
par Anne Marie Cattelain Le Dû
Si son jumeau, le Château Saint Martin, reste clos cette saison, l’Hôtel du Cap-Eden Roc, un des fleurons des établissements Oetker Collection a rouvert début juillet, tout en sachant que les Américains, qui l’affectionnent particulièrement, ne seront pas là. Décision courageuse accueillie avec joie par ses salariés, dont beaucoup affichent une ancienneté de plusieurs dizaines d’années.
Pour affronter cette saison si particulière et fêter ses 150 ans, le palace a confié à Eric Frechon, la mission de revisiter l’ensemble de son offre gastronomique du Grill Eden Roc au room-service, du petit-déjeuner à la table gastronomique du soir. Méticuleux, précis, soucieux d’authenticité, il s’approprie et enchante la cuisine méditerranéenne et provençale.
Pendant des semaines, avec Arnaud Poette, chef exécutif et Sébastien Broda, chef de la nouvelle table Louroc, il a sourcé les meilleurs produits, les meilleurs producteurs de la région jusqu’aux deux pêcheurs qui livrent le matin en bateau, sur le ponton, leur pêche de la nuit. Puis il a travaillé l’art de la table avec Agnès Sandhal céramiste de Vallauris et Dubosq & fils, spécialistes du bois d’olivier.
Les lourdes tentures de soie et satin des chambres très grand siècle de l’Hôtel du Cap, bâtisse d’origine, en frémissent de plaisir. En contrebas, les junior suites, plus design de l’Eden Roc toisent avec gaîté, de leur grande terrasse, les flots turquoise. Dans la piscine creusée dans le basalte, la grosse bouée rouge et blanche aux couleurs de l’hôtel décrit des ronds sur l’eau de mer chauffée.
Le spa quittant les murs, pour limiter les huis clos, s’est momentanément installé au jardin, en des gloriettes voilées de blanc, non loin des courts de tennis, à l’ombre des pins centenaires. A l’écart, très intimistes, avec accès direct au large, les cabanons esquissent des promesses de bonheur sans nuages. Les hôtes VIP s’y cachent pour bronzer, lire, flâner, nager et y savourer les mets délicats préparés par un personnel rompu à un service discret, plus que parfait, convivial et d’une rare efficacité.
Dans un décor signé Patricia Anastassiadis, très arty, contemporain, tranchant avec le style classique du palace, les hôtes du Lou Roc tout en regardant le soleil décliner sur l’Esterel, craquent sur le menu dégustation en six services : des grosses langoustines juste raidies au loup en croûte de sel, des artichauts violets au rouget de roche, de la selle d’agneau aux fromages de l’arrière-pays, pour conclure sur une création toute en légèreté de Lilian Bonnefoi, le chef pâtissier, des Maras des bois en coques fines de meringue et graines de bétel.
En fin de service, au large, les lumières des bateaux de pêche défilent sous le ciel étoilé, accompagnés du clapotis des vagues. Les rêves seront doux dans le secret des suites.
Le Prix : 118 chambres et suites, à partir de 1 150 Euros ; coup de cœur pour la junior suite 632 ; cabanon : 300 € à 690 Euros en haute saison, le must le 509 bis, au plus près de la mer. Louroc, menu dégustation 195 €. Les chambres sont situées sur trois sites différents : l’Hôtel du Cap, correspondant à l’historique Villa Soleil, le pavillon Eden-Roc, surplombant la mer Méditerranée, et la discrète et intime résidence Les Deux Fontaines, avec la Villa les Cèdres, et la Villa Elena.
A Savoir : En 1870, Auguste de Villemessant, fondateur du Figaro émerveillé par le Cap d’Antibes très sauvage et quasi inaccessible, décide d’y bâtir une demeure, La Villa Soleil pour accueillir en résidence artistes et écrivains. Projet ambitieux… et onéreux. La Villa ne recevra que très peu d’hôtes et fermera vite, envahie par la végétation. Dix-sept ans plus tard, Antoine Sella, hôtelier, originaire du Piémont découvre le bâtiment ruiné. Séduit par son emplacement il l’acquiert, et, avec le soutien financier de ses amis aristocrates russes Paul de Fersen, Alexis de Plestcheyeff, et du Britannique James Close il le métamorphose en hôtel très avant-gardiste, l’hôtel du Cap. Plus tard, il ouvre un pavillon de thé chic en bas de la propriété… Esquisse de l’Eden Roc, deuxième entité plus moderne et léchant la Méditerranée. Toujours up to date, Sella fait creuser, en 1914, une piscine dans le basalte face aux îles du Lérins. L’hôtel aurait dû fêter ses 150 ans avec faste en rouvrant pour la saison en avril.
Voir : Salut les artistes ! En 1946, Dor de la Souchère, la dynamique conservatrice du Musée Grimaldi d’Antibes, propose à Pablo Picasso résidant au Golfe Juan, d’installer son atelier dans le château Grimaldi. L’artiste, séduit par cette proposition, accepte et saison après saison y viendra pour peindre, sculpter, préparer des céramiques. De son vivant, l’artiste fera don de nombreuses œuvres au musée Grimaldi devenu Musée Picasso, collection enrichie en 1991 par la dation de sa dernière épouse Jacqueline. A voir aussi les admirables tableaux de Nicolas de Staël.
Un peu plus loin, à Cagnes sur Mer, le ravissant Domaine des Collettes, dernière demeure de Renoir, expose quelques-unes de ses toiles et de ses sculptures et dévoile son atelier récemment restauré. De son parc planté d’oliviers et d’agrumes, r le Cap d’Antibes se devine dans son entier.
Adresse : 167-165 Boulevard J. F. Kennedy, 06160 Antibes
Téléphone : +33 4 93 61 39 01
Internet : www.oetkercollection.com/fr/hotels/hotel-du-cap-eden-roc/
